Artbook “40 ans Emile Cohl”
Depuis 1984, l’École Émile Cohl, l’école d’arts appliqués par laquelle je suis passé, forme des artistes qui s’illustrent dans l’édition, l’animation, le jeu vidéo et bien d’autres domaines de l’image. En quarante ans, l’école a formé plus de 3 000 étudiants, développant leur savoir- faire et construisant des parcours variés. À travers cet ouvrage, ce sont 150 alumni dont le travail témoigne de l’évolution du monde de l’image et la diversité des talents.
Dans le cadre de l’anniversaire des 40 ans de l’école, on m’a annoncé la réalisation d’un artbook inédit mettant en lumière les parcours les plus inspirants et créatifs des anciens élèves de l’école, et j’ai eu l’honneur d’être sélectionné pour figurer dans cette édition spéciale pour représenter ma promo, celle de l’édition 2007 !
J’étais très fier de recevoir cet ouvrage dans ma boîte aux lettres, en me remémorant l’extrême exigence des mes anciens professeurs et du chemin parcouru depuis l’obtention de mon diplôme :
Je vous mets ici le mot du fondateur de l’école qui ouvre l’artbook :
“Il existe dans la langue française une formule extraordinaire qui décrit de façon définitive le dessein de toute personne ou institution qui porte un projet pédagogique : Faire école !
A l’origine de la création de l’École Émile Cohl, en 1984, il y avait cette volonté forte d’acter une rupture au sein des écoles d’art en revendiquant haut et fort le dessin, c’est-à-dire la science de la représentation du monde. Tous les bons esprits de l’époque se gaussaient de cette exigence au prétexte que l’artiste moderne n’avait que faire du réel et de sa transcription juste et que l’important c’était la créativité, la motivation, le concept... Peu impor- tait – et importe toujours – les règles, les méthodes et les lois du dessin. Invariablement, je faisais observer autour de moi ce qui arriverait si chaque médecin avait sa propre conception du corps humain, chaque architecte celle des lois de la résistance des matériaux, chaque mathématicien ses propres théorèmes...
Certes, le temps érode assurément règles et modèles, bouscule, voire chavire les modalités de l’expression artis- tique notamment à la faveur des changements de media mais il n’en reste pas moins vrai que l’œil et le cerveau hu- main n’ayant pas fondamentalement changé en l’espace d’un siècle, si la sensibilité visuelle contemporaine passe par le dessin animé, les images 3D, la presse et l’illustra- tion ou la BD, eh bien faire école c’est s’emparer de ces médias et recourir à la formation première du regard, c’est-à-dire maîtriser la représentation du réel.
On objectera toujours l’inutilité de ce point de vue au motif que l’intelligence artificielle, que le numérique, etc.
Tant que les ordinateurs ne disposeront pas eux-mêmes de leurs forces armées et ne monteront pas les uns sur les autres pour engendrer leurs semblables je n’éprouve aucune angoisse à voir se multiplier technologies, algo- rithmes, logiciels et autres softs, dans le domaine du des- sin comme dans les autres : les outils, aussi performants et troublants soient-ils, notamment dans leurs effets de séduction, restent des outils en provenance des humains et non l’inverse. Et ce, jusqu’à plus ample informé.
La vraie création, en art, est tout à fait autre chose. Plus de 3000 professionnels sont sortis de l’École Émile Cohl en 40 ans. Nous avons fait école ! Eh bien, doublons la mise pour les 40 prochaines années ! ”
Plusieurs autres de mes camarades de ma promo auraient tout autant que moi mérité cette exposition, je pense par exemple à Elsa Fouquier, Vivien-Laur Bergez, Yoann Boissonnet, Jérémie Guneau, Patrick Guidot, François Marc Baillet ou de notre camarade Philippe Bauser disparu depuis.
Merci encore à tous mes professeurs, aux intervenants, à mes camarades et à cette école qui m’aura permis de me lancer dans la vie d’artiste.
